August 27, 2025

Entretien avec Pierre Fraignaud, Repreneur Les Parisettes

💬 Reprendre une entreprise : entre stratĂ©gie, convictions et rĂ©alitĂ© du terrain.

Que se passe-t-il vraiment quand on passe de cadre dirigeant à patron d’une TPE ?

C’est le pari qu’a fait Pierre FRAIGNAUD, en quittant les grandes structures pour reprendre LES PARISETTES, une petite entreprise spĂ©cialisĂ©e dans les objets culturels et touristiques personnalisĂ©s, Ă  destination de musĂ©es, concept stores et offices de tourisme. Dans cet entretien exclusif pour Re-New, Pierre revient sur chaque Ă©tape de son parcours de repreneur :

đŸŒ± Pourquoi il a choisi cette entreprise, plus petite que prĂ©vu mais pleine de potentiel,

🎯 Comment il a structurĂ© sa recherche de cible en partant de ses propres critĂšres,

📆 Ce qu’il s’est passĂ© pendant les 100 premiers jours aprĂšs la reprise,

📈 Sa stratĂ©gie de relance commerciale centrĂ©e sur l’efficacitĂ© et la clartĂ©,

♻ Et comment il a intĂ©grĂ© les enjeux ESG dans ses choix quotidiens, mĂȘme Ă  petite Ă©chelle.

Vous dĂ©couvrirez aussi les conseils concrets qu’il adresse Ă  toute personne qui envisage de reprendre une entreprise : de la prĂ©paration personnelle Ă  l’importance du rĂ©seau, en passant par les idĂ©es reçues qui freinent encore trop de vocations entrepreneuriales. Une interview riche, transparente et pleine d’enseignements — qui montre que la reprise est un projet entrepreneurial Ă  part entiĂšre, mais aussi une aventure humaine.

Bonjour Pierre, pouvez-vous vous présenter ainsi que votre entreprise, Les Parisettes ?

Bien sĂ»r ! Je m'appelle Pierre Fraignaud, j’ai 50 ans et une vingtaine d’annĂ©es d’expĂ©rience en direction commerciale et marketing, d’abord dans de grands groupes comme Procter & Gamble, puis dans des ETI. Il y a un peu plus de deux ans, j’ai dĂ©cidĂ© de me lancer dans un projet de reprise d’entreprise. En septembre 2024, j’ai repris Les Parisettes, une TPE spĂ©cialisĂ©e dans la crĂ©ation et la vente de produits culturels et touristiques— principalement des objets souvenirs destinĂ©s aux musĂ©es, offices de tourisme ou concept stores. Nous proposons ainsi des produits entiĂšrement personnalisĂ©s pour de grandes institutions comme le Louvre ou le Puy du Fou mais aussi pour des clients plus petits .

⚙ Pourquoi Les Parisettes ? Une dĂ©cision fondĂ©e sur la passion mais aussi des critĂšres solides

Qu’est-ce qui vous a dĂ©cidĂ© Ă  choisir cette entreprise ?

J’ai eu un vĂ©ritable coup de cƓur. C’est venu aprĂšs plus d’un an de recherche, et Les Parisettes cochait presque toutes mes cases
 sauf une : la taille de l’entreprise. J’avais dĂ©fini plusieurs critĂšres de sĂ©lection :

  • Type     d’activitĂ© : une sociĂ©tĂ© de nĂ©goce, plutĂŽt B2B.
  • RentabilitĂ©     : une entreprise saine financiĂšrement, avec un rĂ©sultat net positif.
  • Taille     compatible avec un LBO solo : je voulais pouvoir financer seul l’achat     et me rĂ©munĂ©rer.
  • Localisation     : impĂ©rativement en Île-de-France pour des raisons personnelles.
  • Alignement     mĂ©tier : je cherchais une entreprise oĂč mes compĂ©tences marketing et     commerciales seraient un levier rĂ©el.
  • CritĂšre     Ă©motionnel : l’envie. Il faut aimer ce que l’on va diriger tous les     jours.

Quand j’ai rencontrĂ© la cĂ©dante, j’ai rapidement fait uneoffre au prix. Ce n’était pas une nĂ©gociation agressive, mais une dĂ©cision stratĂ©gique pour sĂ©curiser un projet dans lequel je croyais.

 

🔍 Trouver la bonne entreprise : un dĂ©fi de constance

Quels ont été les principaux défis pendant votre recherche ?

Le plus grand dĂ©fi, c’est de garder un flux constant de dossiers intĂ©ressants. On ne trouve pas une entreprise tous les mois. Pour moi, le parcours s’est articulĂ© autour de trois grands dĂ©fis successifs :

  1. La     phase de séduction : comprendre le dirigeant, son entreprise et bùtir    la relation.
  2. La     dĂ©cision de faire une offre : Ă©valuer objectivement le potentiel, mĂȘme     si toutes les cases ne sont jamais cochĂ©es.
  3. La     structuration de l’offre : valorisation, stratĂ©gie de financement,     nĂ©gociation.

Et derriĂšre tout ça, il faut savoir que le temps estl’ennemi du repreneur. Il faut garder l’élan. Certains dossiers venaient via une dĂ©marche rĂ©seau, d’autres via des plateformes comme Fusacq. Au final, la diversitĂ© des sources est essentielle.

 

🧠 PrĂ©parer son projet de reprise : introspection et mĂ©thode

Quels conseils donneriez-vous Ă  un futur repreneur ?

Voici ce que je recommande, basé sur ma propre expérience

  1. Faire     une vraie introspection : lister ses motivations, atouts, faiblesses,     contraintes personnelles.
  2. Rencontrer     des repreneurs : comprendre la diversité des parcours et affiner sa     propre stratégie.
  3. Valider     son projet : cadrer son ambition, savoir ce qu’on cherche et ce qu’on     ne veut pas.
  4. Se     former : des formations comme le CRA sont trÚs utiles.
  5. DĂ©finir     sa stratĂ©gie de recherche : avoir un CRM perso, une routine, des     outils d’organisation.
  6. S’entourer     : s’appuyer sur une Ă©quipe (avocat, expert-comptable, Ă©ventuellement     conseiller en acquisition) et crĂ©er une core team de confiance pour     challenger ses dĂ©cisions.

Ce travail en amont est crucial pour réussir.

 

đŸ› ïž Les 100 premiers jours: entre adaptation, optimisation et transformation

Et une fois que vous avez repris Les Parisettes, que s’est-il passĂ© dans les 100 premiers jours ?

Une pĂ©riode trĂšs intense ! J’ai fait face Ă  plusieurs chantiers prioritaires :

  • ComprĂ©hension     de l’existant : processus, fichiers clients, fonctionnement quotidien,     organisation interne
  • DĂ©mĂ©nagement     : j’ai trouvĂ© de nouveaux bureaux, achetĂ© le mobilier et du matĂ©riel     informatique, montĂ© moi-mĂȘme les bureaux le week-end

  • Gestion     administrative : banques, assurances, contrats Ă  mettre Ă  jour.
  • Mise     Ă  jour technologique : remplacement de l’ancien ERP et dĂ©ploiement     d’un CRM.
  • Recrutement     : un stagiaire + une personne en charge des achats, non prĂ©vue dans le     business plan initial.

Et tout ça sans perdre de vue la nĂ©cessitĂ© de garder le chiffre d’affaires Ă  flot. Les deux premiers mois ont Ă©tĂ© durs : un recul Ă  2 chiffres du  CA ! Mais j’étais prĂ©parĂ© Ă  cette phase de turbulence et le CA est reparti en forte croissance dĂšs le 4Ăšme mois.

 

📈 Stimuler la croissance: une stratĂ©gie claire et focalisĂ©e

Quelle stratégie avez-vous mis en place pour relancer la croissance ?

Une seule prioritĂ© pour l’annĂ©e 1 : dĂ©velopper le chiffre d’affaires Ă  court terme. Pour cela, j’ai mis en place :

  • Recrutement     pour me libĂ©rer du temps commercial.
  • DĂ©ploiement     d’outils : ERP, CRM, marketing automation.
  • Nettoyage     et enrichissement de la base prospects : objectif x3.
  • Campagnes     ciblĂ©es : newsletters, emailings, relances automatisĂ©es.

Je n’ai pas touchĂ© Ă  l’offre produit dans l’immĂ©diat. L’urgence, c’était l’efficacitĂ© commerciale et la structuration des process.

 

đŸŒ± ESG : un engagement cohĂ©rent avec ses valeurs

Intégrez-vous des pratiques ESG dans votre gestion ?

Ce n’est pas au centre du business model, mais c’est fondamental pour moi. Voici ce que j’ai mis en place:

  • Gouvernance     & RH : prime de partage de valeur, rĂ©flexion sur intĂ©ressement,     avantages type CSE.
  • Production     responsable : arrĂȘt des produits en provenance d’Asie, prioritĂ© au     Made in France.
  • Environnement     : matiĂšres recyclables, coton bio, limiter au maximum le suremballage.
  • Social     : partenariat avec un ESAT, dons de produits Ă  des structures locales.

Ces actions sont ancrĂ©es dans le quotidien de l’entreprise.

 

❌ Les idĂ©es reçues sur la reprise d’entreprise

Quelles sont les erreurs de perception que vous avez rencontrées ?

Trois principales :

  1. «     Il y a plein de PME à reprendre » : vrai en quantité, mais peu sont     vraiment reprenables.
  2. «     La valorisation est mathĂ©matique » : faux. Bien sĂ»r il y a des ordres     de grandeur de multiple et des rĂšgles de base de retraitement d’EBITDA ;     mais c’est aussi beaucoup une nĂ©gociation humaine.
  3. «     Un repreneur n’est pas un vrai entrepreneur » : totalement faux. On     est dans l’action, dans la prise de risque. Mais il faut avoir cette     fibre.

 

 

đŸ€ RĂ©seau et entourage :un pilier souvent sous-estimĂ©

Qui a été important pour vous dans ce parcours ?

P.F. : J’avais une core team de 3 personnes :un ancien repreneur, un crĂ©ateur de boĂźte, et un ami en reprise comme moi. Indispensables pour se challenger et avancer. Ensuite, mon groupe du CRA – on s’appelait les “Mohicans” – a Ă©tĂ© une vraie source d’énergie et de soutien. Et bien sĂ»r, le rĂ©seau plus large, les clubs de repreneurs
 c’est de lĂ  que viennent les meilleures opportunitĂ©s parfois.

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